Et non pas l’opium, votre serviteur n’a pas commis une faute de frappe ;).
Quand l’opium relève d’une échappatoire, l’otium évoque plutôt la possibilité de se recentrer ! Comment définir ce concept, en quoi est-il vital aux planneurs stratégiques et de manière globale aux consultants marketing freelance ? On y vient.
Optimiser on temps : le triptyque du marketeur solo
C’est une réalité pour tout freelance ou consultant indépendant : nous ne sommes pas tout le temps « en production ». Le temps disponible pour servir nos clients ne se dilate pas à merci. En fait, le temps de mission pure est l’un des 3 piliers du freelance, aux côtés du temps de prospection et du temps nécessaire à une prise de recul : sa propre formation, l’ouverture sur l’extérieur et l’élaboration de modèles d’analyse. Cette sorte de pas de côté est ce que d’aucuns appellent l’otium.
Dans la Rome Antique, ce terme correspond à l’idée d’un temps de perfectionnement individuel et de compréhension du monde. Ce temps passé n’est pas productif en tant que tel, du moins à courte échéance. En revanche ce n’est strictement pas contemplatif : le consultant va y puiser de nouveaux outils et méthodes pour être efficace et convaincre.
Créer de la valeur : une articulation entre prospection – production – prise de recul
L’otium, ce temps à soi est l’inverse du negotium (un peu de latin…!) qui regroupe quant à lui temps de prospection et de production. On se trouve ici dans les activités de subsistance. Justement, dans son Introduction à la pensée complexe, Edgar Morin soulève un un point fondamental : avant de se développer et croître, tout organisme vivant doit assurer les conditions de sa propre survie.
Otium / Negotium : il n’y a en fait pas une opposition irréductible entre les deux, l’un venant en fait alimenter l’autre.
La valeur se crée alors en combinant ces piliers, et vient bénéficier aux clients et au consultant lui-même. Reprenons ci-dessous ces « 3 P du consultant freelance » :
Prospection
Une veille constante, alimenter son flux de demandes.
Prise de recul : "l'otium"
C’est la formation permanente et l’ouverture au monde.
Production
Répondre aux attentes-client, voire les devancer.
Création de valeur
Une satisfaction du client… et pour soi-même, qui nourrit les 3 premiers axes.
Mettre en action la réflexion, et analyser l’action : pas si simple !
Il convient au quotidien d’aller au-delà des outils digitaux (reporting et autres dashboards), et chercher la connaissance ailleurs. Les plus grands noms de la Silicon Valley (Bill Gates, Elon Musk…) disent consacrer au moins une heure quotidienne à s’instruire sur des sujets absolument variés qui dépassent leurs activités d’origine. Être un éternel apprenant : c’est une caractéristique de l’otium.
«
Agir en homme de pensée, et penser en homme d’action.
(Henri Bergson )
Cet enrichissement intellectuel permanent peut / doit rester également corrélé avec notre activité. Une plateforme comme LinkedIn Learning confère l’avantage de rester ahead of the curve, coller aux nouveautés et méthodologies liées à son métier.
Si l’on souhaite être en prise avec les nouveautés quotidiennes autour d’une activité digitale, sites de référence ne manquent pas (ex : Abondance ou Search Engine Land pour les spécialistes SEO).
Un autre apport de l’otium sera pour un consultant (marketing / planning stratégique) est sa capacité à transcrire en termes intelligibles un phénomène complexe.
Ce temps pour soi est aussi l’occasion d’étendre sa culture à d’autres domaines, sans miser sur le tout-digital. A titre personnel, j’apprécie la lecture (papier, liseuse, peu importe) d’un ouvrage – et non pas seulement d’articles de blog ( ! ) – au contenu structuré qui va m’emmener dans une démonstration fouillée et mémor(is)able.
Prendre du recul sur la technique
Le prospectiviste Michel Godet parle à ce titre du « rêve du clou et le risque du marteau ». L’erreur est de fantasmer sur l’utilisation systématique d’un même outil pour résoudre tout type de problème, au détriment d’une stratégie.
Prendre du temps pour se former amène à une prise de recul quant aux outils que nous utilisons en production. L’outil ne doit pas être perçu comme une méthode en soi, voire une fin en soi. En marketing digital, une nouvelle application vient régulièrement ajourner les possibilités dans telle ou telle branche du métier. C’est un fait. Toutefois, au-delà de la maîtrise d’un outil le growth-hacking rappelle qu’il convient davantage d’adopter la bonne posture et la capacité d’itérer en permanence.
La capacité à comprendre et décoder notre époque
L’otium génère la possibilité de saisir l’air du temps, aspect crucial pour un planneur stratégique ou un spécialiste en prospective. Rester attentif aux créations culturelles passées ou présentes et intégrer cette dimension dans une approche prospective est assurément salvateur.
Une anecdote me vient ici : récemment, un documentaire d’Arte TV consacré au film Blade Runner (les 30 ans de sa sortie !) venait rappeler que les fléaux actuels (pollution, bouleversements climatiques) avaient déjà été pensés bien avant… Plus globalement, ce mouvement cyberpunk (Le Neuromancien – William Gibson) imaginait sans les appeler ainsi les réseaux sociaux et leur pendant négatif – « high-tech / low-life ».
Finalement, cet otium n’a pas vocation à engendrer une surcharge informationnelle qui réduirait alors notre capacité à considérer telle ou telle option. S’agissant d’un consultant indépendant, il vient au contraire renforcer la capacité stratégique de celui-ci.
Finalement, cet otium n’a pas vocation à engendrer une surcharge informationnelle qui réduirait alors notre capacité à considérer telle ou telle option. S’agissant d’un consultant indépendant, il vient au contraire accélérer la capacité stratégique de celui-ci.
Crédit photos : William Daigneault sur Unsplash
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